Et amblent les Khalers, fats sur leurs chameaux, tandis que nous avancons peniblement sous le soleil apres avoir ete voles.
Un troupeau de Djazzars et Khalers, trois fois plus nombreux que leurs gardes et qui hesite a tenter sa chance ; c'est pitoyable la resignation de certains sous le poids de la culture et de l'infortune.
Pas nous, jamais !
Nous sommes determines a reprendre notre vie d'entrepreneurs independants et raisonnablement prosperes. D'ailleurs un de ces traines savates de Khalers l'a bien vu, et flatte ignominieusement Kruppe sous couvert de critiques qui ne sont que que reconnaissance de la superiorite de Bejofa et des Principautes sur le reste du monde -notamment sur ces contrees desertes ou l'esclavage est pratique courante.
Il est d'ailleurs temps de faire montre de l'esprit d'entreprise qui nous caracterise : Kruppe tripote encore une fois son anneau, et un bassin bleu argente apparaît devant lui.
Kruppe, Demba et moi entrons dignement dans le flux magique et sommes instantanement transportes a Djeddir, dans la tour du sorcier dont Kruppe se flatte d'être l'ami. Le Khaler louangeur s'est subrepticement joint a nous ; bien evidement il ne pense ni a demander, ni a dire merci ; par contre il a des critiques a revendre.
La tour a ete pillee, du sang couvre les murs, les salles autrefois magnifiquement decorees et remplies de mille mets, douceurs, frivolites et sources de savoir sont devastees. Aucune trace dudit sorcier. Au moins, nous sommes en ville, dans les Principautes, a une semaine de voyage de Bejofa.
Las, sept fois las, les transports magiques ont pris du temps, beaucoup de temps. Sept ans se sont ecoules depuis que nous sommes partis livrer les masques Djazzars au collectionneur de Bejofa. Nous sommes au printemps de l’an 2675.
Qu’est devenu notre commerce a Bejofa ? Igor a surement profite de la situation pour nous depouiller, Izgane qu'il est. J'ai toujours eu le sentiment qu'il y a du sang felis dans ce qui lui sert de famille.
Encore une fois, nos ressources de ruse, habilete, dur labeur et prise de risques nous permettent d’accumuler rapidement de quoi acheter un equipement sommaire et envisager le voyage retour sans trop d’anicroches. Il s’avere que le Kahler – qui a un nom qui s’eternue : Nasser – est faussaire. Je ne suis pas surpris qu’il fasse profession de duperie, finalement ; c’est culturel chez certaines peuplades.
Nous avons maintenant des certificats de recommandation pour être engages comme gardes de caravane ou quelque chose comme ça. Cela nous mettra sur la route de Bejofa, bientot. C'est si bon de sentir le vent de la liberte sur mon pelage !